jeudi 5 juin 2008

Cass McCombs - Dropping The Writ (Domino/2008)

Cass McCombs est un chouette garçon. Chouette, ça veut dire attendrissant et respectable. Son précédant album, PREfection, était un émouvant exercice de style très humble : faire à peu près la même chose que les Smiths en leur temps, un peu timidement, un peu gauchement, mais avec plein d'amour. Alors on est infiniment heureux à l'écoute de Dropping The Writ, ravi d'entendre un album si bon et touché d'avoir vu ce bonhomme grandir aussi vite artistiquement.
Pourtant, tout partait mal. Le premier titre, Lionkiller, nous fait croire à un Cass McCombs branleur pour ados hormonés. C'est efficace – ça évoque le Velvet – mais énervant : je fais du rock et je me fous de tout. Et puis des Pregnant Pause on est rassuré, avec une sublime ballade sixties au texte très tendre. Dès lors tout s'enchaîne: That's That et Petrified Forest dans une pop irresistible, Morning Shadows, superbe comptine crépusculaire, Deseret et ses accents psychédéliques, Crick in my Neck le tube de l'année, Full Moon Or Infinity dans un registre folk idéal et enfin, pour finir, Windfall et Wheel or Forturne à faire pleurer à chaudes larmes ; tous ces morceaux viennent faire de Dropping The Writt un disque beaucoup plus varié et personnel que PREfection. Cass McCombs sort donc par la grande porte de l'ombre de Morrissey pour aller plutôt tirer du côté d'Elliot Smith et de ses albums flamboyants comme Xo.
La production est claire, riche en détails réjouissants, sans aucune atmosphère floue et pluvieuse. Cette clarté nouvelle ne vient en aucun cas rendre la musique du songwriter moins sensible, et ce grâce une qualité trop rare et trop précieuse dans l'indie d'aujourd'hui: l'interprétation vocale. Cass McCombs est un chanteur bouleversant. Il chante juste, sa voix possède un très beau timbre mais surtout, à l'instar d'un Jeff Buckley, il donne toute sa tension dramatique à la moindre parcelle de mélodie. Il n'est jamais exubérant, et dans le peu d'amplitude qu'il occupe il nous fait entendre toutes les variations possibles du même sentiment que considère Dropping the Writ – une sorte de nostalgie vivifiante.
5/5

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