Difficile de réprimer un léger râle de plaisir quand on est à quelques secondes d'écouter le nouveau Booka Shade. On attend même un peu avant d'appuyer sur Play, histoire de faire durer un peu plus l'attente. Il faut dire qu'avec Movements, en 2005, les deux Allemands nous avaient mis la tête sous l'eau pendant pas mal de temps, si bien qu'on le cite facilement dans les tops d'îles désertes et qu'on le fout invariablement dans le vide-poche avant de se taper 10 heures de bagnole.
C'est dire qu'on avait toutes les chances d'être déçu par leur nouvel ouvrage, et ça ne rate pas. Non, à moins d'être fan, The Sun & The Neon Light ne squattera pas des mois notre platine, on n'en fera pas des copies pour les passer à tous nos amis. En fait, les Booka Shade ont beaucoup perdu en groove. Ils font eux aussi partie de ce lot de Dj's à étrangement renier le dancefloor. Alors, oui, on annonce déjà des remix club, heureusement ! Mais il y a à mon avis erreur à considérer que chez soi, on a plus le droit à des kicks bien balancés et à des 4*4 à faire taper du pied. Car c'était ça, le truc assez fou dans Movements, ne rien céder sur le caractère sautillant de la house et pourtant aller chercher des ambiances plus électronica, plus expérimentales. C'était parfait. Là, avec ce nouveau Booka Shade, on s'ennuie ferme sur pas mal de morceaux. Regardez, un titre comme Redemption : les premières secondes captivent par leur efficacité mélodique ; et puis après plus rien, quelques variations pas très utiles, un rythme poussif qui vient beaucoup trop tard et des bidouillages Warp Records qu'on aimerait laisser aux années 90. Et du coup, avec ce genre de posture intellectuelle, on a plus trop envie de rire quand vient une blague idiote comme Charlotte, hymne house pour enfants, possible instru du nouveau Jordy.
Il y a quand même une nouveauté intéressante dans The Sun & The Neon Light, c'est l'usage très inédit des voix. On a même droit à quelques véritables chansons qui, sans être exceptionnelles, tiennent tout à fait la route et élargissent encore le specte musical des Allemands. Control Me évoque ainsi le Depeche Mode qu'on aime bien, avec son romantisme noir et ses sonorités un peu désuètes. Impossible de dire que c'est le meilleur titre de l'album, car à peu près tout reste tout de même sympathique et très bien produit.
Booka Shade a évité la catastrophe, mais attention, si on ne propose pas le redoublement, c'est parce que la prochaine fois il faudra mieux réfléchir à sa méthode de travail. Et oui, on ne déconstruit pas sur un coup de tête une musique qui tient à son cadencement éclairé.
2.5/5
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