dimanche 4 mai 2008

Portishead - Third (Island/2008)

On ne les avait pas vu depuis un moment, ceux-là. Onze année de silence discographique pour être précis. Ils reviennent de chez les morts, sans la bulle trip-hop qui les enveloppait alors. À l'explosion de cette bulle personne n'a résisté : ni Massive Attack, ni Archive, ni aucun autre. Portishead n'a donc même pas essayé de franchir ce cap et s'est fait bouche cousue, apparaissant juste ça et là dans des projets annexes des plus discrets.
Quand on écoute Third pour la première fois, on se dit que les choses n'ont pas foncièrement changées. Ceux qui adulaient Dummy et l'éponyme trouveront ce disque non seulement excellent mais en plus innovant – tout ça parce que deux ou trois guitares se font plus incisives et quelques rythmes plus industriels. Les autres, dont je fais partie, trouveront la recette réchauffée et s'agaceront de cette musique geignarde qui n'a plus lieu d'être. La voix de Beth Gibbons est si lyrique et son vibrato si rapide que tout cela devient très vite harrassant, épuisant à force de pathos.
Je fais donc partie des perplexes : j'ai toujours trouvé Portishead un peu surcoté. Selon moi, le génie qu'on leur accorde ne se manifeste que le temps de quelques morceaux stupéfiants comme le furent Roads, It could be sweet ou Glory Box. Là encore, pour Third, la même irrégularité s'affiche. Je n'aime pas cet album et pourtant quelques uns de ses passages sont à chérir follement. Dans les morceaux qu'on dit sombres, je retiens l'énorme basse de Silence et les murs de bruit de Machine Gun. Dans les morceaux plus posés, de loin les meilleurs, je ne peux que conseiller l'écoute de Hunter et Magic Doors, classiques mais très réussis, et je recommande surtout l'écoute de The Rip, le diamant brut de l'album. Avec ces deux parties folk puis electro-manga, The Rip explique à lui seul les éloges démesurées à l'égard de Portishead. Des instants de génie – que certains fous ont du coup tendance à voir partout – et le reste du temps une musique poussive, passéiste et éreintante.

2.5/5

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et bien dit donc, je te trouve bien cruel avec Third, on dirant un diatribe anti-Radiohead, lol. Je comprends la sensation désagréable que tu peux ressentir, le côté poussif en particulier. C'est vrai que Portishead manque de fluidité... Mais bon tout ça est tellement plus ambitieux que la moyenne.