Les Japonais sont fous, nous commençons à en avoir l'habitude. Et leur folie se manifeste souvent dans la plus grande stupidité, ce qui fait qu'on les aime vraiment bien, mais comme on aime les bons nanards et les discours de Francis Lalanne. Sauf que de temps à autres, cette bouffonerie vient nous taper dans la gueule, et ce le plus sérieusement du monde. Ce fut le cas quand l'occident découvrit Melt Banana ou Cornelius, des bizarreries aussi ludiques que fascinantes. Avec Boredoms, c'est la même chose, en plus désarmant encore.
Si l'on fait un rapide retour sur le passé de Boredoms, on trouve des disques de noise tribale survitaminés, des colloborations avec John Zorn et Sonic Youth, des sorties inopinées et souvent incongrues ; pas mal mais encore un peu brouillon.
Avec Super Ae, Boredoms franchit à peu près cinq palliers d'un coup et sort, aillons les couilles de le dire, un disque tout bonnement indispensable pour quiconque aime les propositions musicales un tant soit peu originales.
Super Ae est un disque tout à l'instinct où chaque note, chaque bruit semble posséder sa raison propre – une raison pourrait-on dire énergétique. À mille lieux de la moindre prétention conceptuelle, tout semble ici n'être qu'une immense cérémonie ethnique, primitive, mélangeant dans la transe attaque bruitiste à la Merzbow, rythmes africains, guitares funk et country, voix de crooner et incantations inquiétantes, délires ambient mystico-hippies et danses de la pluie. Pas grand chose à décrire de plus : on n'y comprend à peu près rien et on se contente de suivre, de se laisser aller, sans dictatisme, comme dans une étrange séance d'hypnose où s'entrechoqueraient sens et non-sens, visible et invisible.
5/5
1 commentaire:
Ah, c'est vrai que ça dépote !
Bonne continuation, longue vie à ce blog à l'identité bien trmpée...
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