Alec Empire, spécialité bouchère depuis 1992. Sous le pseudo d'Atari Teenage Riot, et accompagné par quelques autres spécialistes de la viande fraîche, il taille en pièces des milliers de salles de concerts avec un clash inédit entre rave-music, phrasés punk et guitares hardcore. Tout ça jusqu'en 2001, année où le groupe allemand se sépare sur la perte d'un des leurs – Carl Crack mort d'overdose, ça ne s'invente pas. Bon gauchiste qu'il est, Alec Empire ne peut stopper la lutte et se lance corps et âme dans son projet solo, jusque là subsidiaire, et en fait le terrain de tous ses exploits sonores et l'espace de toutes ses revendications.
Quand The Golden Forestaste of Heaven sort, on s'attend encore à un disque pompier, trop plein et pour ainsi dire peu inspiré – au même titre que le très moyen Futurist. Hé bien il n'en est rien, puisque ce nouveau brûlot étonne de bout en bout. Pour faire simple, sachez que le morceau le plus bourrin du nouveau Empire passerait pour une balade sur n'importe quel autre de ces disques. Le BPM prend ici un sérieux coup dans l'aile, les rythmes perdent presque toute leur urgence et cela oblige Alec Empire à prendre son problème autrement. Car il ne faut pas tomber dans le panneau, il ne s'est pas ramolli et n'est pas devenu centriste avec l'âge. Il est toujours un activiste mais cette fois, à l'attentat bourrin il préfère le sabotage malin.
The Golden Foretaste of Heaven évoque en effet l'image qu'on a des boîtes allemandes des années 80, des endroits flippants à l'odeur dégueulasse – cocktail craignos de sueur et de sperme. Tout le monde s'y frotte sur une musique sale et déviante, avec les yeux dans le vide et les mains perverses. Flirtant avec l'ambient, 1000 eyes serait dans ce cas là l'orgie finale du bout de la nuit, avec des gros ventres puants et impuissants qui s'endorment sur leurs anorexiques quarantenaires.
Alec Empire ne respire donc toujours pas les grandes fôrets bavaroises, sa révolution est uniquement musicale, dépouillant sa formule pour mieux en sentir les os, régurgitant alors un nouvel habit orgiaque et carrément orgasmique.
4/5
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