lundi 31 mars 2008

Alain Bashung - Bleu Pétrole (Barclay/2008)

Nous n'avions pas véritablement attendu ce nouvel album d'Alain Bashung, qui arrive pourtant après six années d'un silence timide et étouffé. La raison en est que son prédécesseur, L'imprudence, nous avait irradié jusqu'au néant de sa poésie mortifère. Sombre et définitif, il était un point de non retour dans une discographie toute entière érigée vers un idéal baudelairien de romantisme. Conscient d'avoir touché le graal, Bashung s'est par conséquent offert une pause, et avec ce Bleu Pétrole une balade champêtre dans ses influences premières.
Renonçant aux architectures gothiques, la translation de Bashung se fait ici dans un vecteur américain, tendance folk, country et grands espaces. Arrangements simples, guitares en avant et voix enlevée rappelle ce premier voyage à la Kérouac qu'était Osez Joséphine il y a quinze ans. Ce n'est donc pas une surprise de voir l'équipe de Bashung largement renouvelée, avec la bienvenue souhaitée à des jeunes, des vieux, qui tous aiment la belle chanson populaire et Bob Dylan. En résulte des compositions bien plus accessibles, parfois un peu faibles (Sur un trapèze, Résidents de la république) mais la plupart du temps jolies et persuasives, comme la très bonne reprise finale de Gérard Manset (au contraire de celle très moyenne de Léonard Cohen) ou alors Tant de nuits, belle et émouvante comme en son temps La nuit je mens.
Au-delà de ce fil directeur principal, quelques chansons viennent néanmoins s'incruster comme des inserts d'autres contrées et d'autres époques. Je tuerai la pianiste, par exemple, aurait pu être une pièce remasterisée du Bashung new-wave/no-wave des années 80, et est à la place le dernier morceau malsain et ambigu de Bashung. Hier à Sousse utilise quant à elle des bricoles issues de l'electro et de la techno pour donner à ce titre rock un immense potientiel tubesque. Je finirai en parlant de Venus, un stupéfiant spoken word clamé sur une valse triste et minimaliste, preuve imparable que, si Bashung choisit un temps de rester en cabriolet, cheveux au vent et pensées impossibles à germer, il n'en garde pas moins quelque part en lui ce fameux soleil noir qui nous le rend essentiel.

4/5

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Album plus accessible mais pas forcément plus faible ;)

Anonyme a dit…

Joli papier...Résidents est entré dans ma tête du premier coup , ce qui n'arrive plus si souvent avec la radio....Bashung-Manset, poètes pas morts...