mercredi 19 mars 2008

Elbow - The Seldom Seen Kid (Polydor/2008)

L'Angleterre comme seul horizon pop-rock est une vérité de plus en plus mise à mal, n'en déplaisent à certains. La déferlante de groupes que l'on a connu il y a à peu près cinq ans est passée ; ne restent que les moins périssables, dont la date de validité dépasse les rotations MTV 2. Cette désertion quantitative n'est pas le seul problème en jeu, puisque la qualité de ceux qui s'essaient encore au genre est elle-même des plus vacillantes. Ils se fatiguent et nous aussi. Le pire exemple en est ce terrible In Rainbows, qui, en mettant les grands plats dans les petits, s'installe comme la seule erreur discographique de Radiohead. Elbow suit malheureusement le même trajet que son modèle d'Oxford mais, vous allez le voir, avec un moindre mal.
Elbow a jusque là eu une carrière discrète et cependant irréprochable. En trois albums, les Mancuniens ont démontré qu'ils n'avaient pas tellement de concurrents dans le genre qui est le leur. Eux seuls hormis Radiohead atteignent ce degré de sophistication sans perdre sur l'émotion, façon audacieuse pour une musique populaire de faire coincider surprise et sentiment dans un même moment. Ce nouvel effort, the Seldom Seen Kid, renouvelle le désir d'être aventurier musical tout en restant intimiste, un peu maussade et désabusé, très anglais finalement. Toutefois, il y a là un peu de paresse dans ces nouvelles compositions, une utilisation un peu facile des violons, une diversité musicale moins accrue et une écriture souvent mal dégrossie. L'album ne fait pour ainsi dire pas totalement fini, et l'on se rend bien compte que depuis Asleep in the back en 2002, Elbow est bien rentré dans le rang. Voilà le décevant ; et d'un autre côté, il y a vraiment de quoi se consoler, car depuis longtemps (Leaders of the free world du même groupe, il y a trois ans) on avait pas entendu des chansons aussi élégantes, belles à pleurer et jamais ampoulées. L'élégance est bien le terme qui caractérise le mieux Elbow, et si ici on les sent un peu sur le creux de la vague, ils ne peuvent pas se départir de cette finesse qui leur colle à la peau. Et ça nous va bien.
3.5/5

Aucun commentaire: