Aucune nouvelle de Funki Porcini depuis ce Fast Asleep paru en 2002. À croire qu'il s'est fait prendre au piège qu'il avait alors tendu à ses auditeurs – les endormir au point qu'ils ne veuillent peut-être plus jamais se réveiller. Les premières parutions de cet expatrié sentaient pourtant bel et bien les Italiennes pulpeuses et, de manière prévalente, les regards lubriques de Britanniques gonflés à la bière qui s'y posaient. Hed Phone Sex était un modèle d'électro marrante, enlevée et pas mal perverse. La surprise est donc grande lorsqu'à l'introduction de Fast Asleep, on entend des samples lointains d'une navette spatiale narrant timidement quelque chose comme une tragédie futuriste à peine audible, noyée dans la musique ambient. Quelques morceaux plus loin, le tempo toujours au ralenti, c'est cette fois dans des salles de jazz enfûmées que l'on s'immerge. Des musiciens éprouvés jouent en boucle la même ritournelle triste. Puis plus tard la mélancolie vient poindre dans les trains japonais aseptisés, le temps d'un hip-hop déchiré. C'est un véritable carnet de voyage imaginaire, un voyage impossible à travers les époques, les planètes et les genres musicaux, une fausse épopée dans une machine bizarre qu'on appellerait nostalgie. Funki Porcini broie ses amours, les fout dans un shaker de comptoir et en fait un cocktail totalement neurasthénique, n'arrêtant à aucun moment de déverser ses effluves dans les canaux auditifis de l'endormi qui l'écoute. Fast Asleep exprime une fatigue qui, chez son géniteur, enveloppe tout son monde et contamine celui des autres. Et l'on se sent tellement bien à basculer de la sorte dans le sommeil que l'on a du mal à articuler, à prendre notre courage à deux mains pour dire que tout de même, il s'agit d'un immense disque d'ambiant-jazz psychédélique. Maintenant que c'est dit: bonne nuit.
5/5
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