dimanche 20 juillet 2008

Sigur Rós - Með suð í eyrum við spilum endalaust (EMI/2008)

Vivre c'est échanger ! On mélange nos sangs, on se raconte nos traditions et le monde ira mieux – moins de guerre, plus d'écoute, de respect, tout ça tout ça ! Foutaises, c'est ce qui a perdu Sigur Rós !
Ils sont toujours fiers de leur Islande, bien sûr, mais que reste-t-il de ce pur témoignage qu’était Agaetis Byrjun ? Que sont devenues ces drôles de symphonies absurdes, ces orchestres pour pop folklorique et leur trop-plein de cœurs traficotés ? Des résidus, que l'on trouve chez les pourtant très respectables Album Leaf, Julian Fane ou autres Radiohead. A la maison, chez Sigur Rós, il ne reste plus guère qu'une même syntaxe, une certaine façon de raconter des histoires. Sauf que les nouvelles ne font plus rêver du tout. Takk était un tour d'honneur : des compositions vidées de leur substance mais poignantes dans un jubilé où les conventions des Islandais se cognaient à leur propre mort, où les longueurs neurasthéniques explosaient en des plans à la U2U2, rendez-vous compte ! C'était leur coup de tête à Materazzi, dans un sens, une sortie ambiguë aussi détestable que jouissive.
Et après ça, que faire ? Ils ne pouvaient tout de même pas se retirer du monde de la musique et laisser Mùm rater le dernier penalty ! Alors ils continuent, sans qu'ils n'aient plus la forme ou l'envie de gagner, en ayant perdu la conviction de leur musique et en piochant à la place dans tout le petit monde anglophone. Triste disque même pas attendu, juste un peu plus sautillant pour faire croire à une seconde jeunesse. Evaporée complètement cette grâce étrange qui nous a fait regarder là haut, vers cet îlot méconnu, les oreilles pointées religieusement vers ces enfants sauvages de la musique. Sigur Rós s'est perdu dans le monde, dans la vitesse des tournées et des modes, dans un vent qui érode tout – ici le précieux qui marquait leur naïveté. Aujourd'hui, ma fois, il reste de quoi remplir des milliers de salles de concert – de la même façon que des milliers achètent des compilations de musique relaxante à Nature & Découverte.
1.5/5

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Trés intérréssant regard.Echanger oui , mais sans se perdre...J'ai adoré leurs débuts mais c'est le genre de disque Ovni que ce Monde speedé ne nous laisse pas trop le temps d'apprécier...Le statut d'artiste est peut-être incompatible avec celui de faire partie d'une major et de tourner pour rentabiliser le truc...c'est ce qu'ont compris Ataraxia qui sont farouchement indépendants et qui (par chance ?) n'ont même pas de manager (mais ont sorti 10 albums magnifiques sur 7 ou 8 petits labels ! )

Anonyme a dit…

La grande question que je me pose, c'est de savoir dans quelle mesure le fait que ce disque soit de Sigur Ros joue dans notre appréciation...

J'avoue que j'apprécie ces ambiances. Bon, c'est l'été, on peut aussi en profiter sans arrière-pensées...

Excellent point de vue en tout cas. Comme toujours ^^

'33 a dit…

avec tout ça, je ne sais toujours pas si je dois l'"acheter". je vais me contenter d'une oreille sur deezer pour l'instant