vendredi 14 mars 2008

Godflesh - Streetcleaner (Earache records/1989)

Justin K. Broadrick, en cofondant les mythiques Napalm Death, a d'abord participé à l'invention du grindcore, genre réputé le plus violent du monde. La violence du grindcore se fait par la rapidité, dans une musique jets de sang en éclaboussures. Broadrick quitte très vite ce navire gore pour créer de son côté l'entité Godflesh, visant toujours la même violence mais cette fois avec un angle singulièrement différent. Streetcleaner est ainsi plus une longue torture qu'un massacre bourrin et pulsionnel. La violence est ici intériorisée, elle est plus blessure psychologique que ravages sur le corps. La musique de Godflesh est relativement lente, elle est répétitive et sans rémission possible. Cette musique possède toujours les mêmes éléments: une drum-machine martiale et surpuissante, une basse informe à force d'être grave, des larsens de guitare terrorisants et une voix triturée d'un autre monde. Pas un répit, bien sûr, et surtout pas un son qui viendrait réchauffer cette galette désincarnée, complètement apocalyptique et d'une froideur glaçante. Voici toutes les raisons de détester ce Streetcleaner et en même temps toutes celles de le trouver essentiel, parce que qu'il représente quelque chose comme un nihilisme absolu, non feint, dont la trace dans l'histoire musicale est encore rouge.
4.5/5

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